Limousin-Poitou-Charentes - Une coopération interrégionale dans la dynamique du projet de loi de décentralisation

Par - Le 16 février 2013.

Ségolène Royal, présidente de Poitou-Charentes, et Jean-Paul Denanot, président de la Région Limousin, travaillent ensemble sur des questions d'“intérêt interrégional". Les deux Régions harmoniseront leurs deux “cartes des formations", notamment dans les zones limitrophes, ce qu'elles appellent une “proximité d'excellence". Tout en “rationalisant les dépenses".

Interrogé par L'Inffo au sujet de cette coopération interrégionale, Jean-Paul Denanot indique que le levier est à rechercher du côté de la formation initiale. “Tout a commencé avec le Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres) Limousin - Poitou-Charentes, créé par décret du 29 juin 2009." S'il réunit les Universités de La Rochelle, Limoges et Poitiers, le Pres ne constitue pas une ébauche de fusion des trois établissements et ne remet nullement en cause leur pleine autonomie, souligne le président de la Région Limousin. “Ce regroupement d'Universités permet d'élaborer des actions communes, d'échanger et d'organiser sur un territoire donné les formations dans l'enseignement supérieur. Nous avions un peu été écartés de cette décision de rapprochement entre ces trois Universités et nous souhaitons reprendre ce dossier dans le cadre de la nouvelle loi de décentralisation... si les Régions sont amenées à intervenir davantage financièrement."

“Autonomie, mais coopération"

“Nous avons souhaité avoir des sites autonomes, dont la coopération constitue une nécessité. C'est déjà le cas avec les écoles doctorales et pour le reste, si nous devons travailler ensemble, nous devons le faire en toute transparence, prévient le président de la Région Limousin. Nous finançons déjà largement les Universités car nous considérons, à juste titre, qu'elles sont utiles pour les territoires. La recherche est un maillon essentiel pour leur développement." L'acte III de la décentralisation, en préparation (voir pp.4-5) pourrait en effet prévoir que les Régions définissent un schéma régional de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, qui détermine les principes et les priorités de leurs interventions.

“Complémentarité, non pas concurrence"

Bien sûr, la formation professionnelle, compétence régionale, ne va pas manquer de prendre toute sa place dans cette réforme. Les Régions devraient se voir confier la responsabilité de l'élaboration de la carte des formations “initiales et tout au long de la vie pour l'ensemble des publics (lycéens, apprentis, demandeurs d'emploi, etc.)", indique Jean-Paul Denanot.

À ce titre, “la Région Limousin entretient de bonnes relations avec la Région Poitou-Charentes, mais aussi avec la Région Aquitaine. Nous souhaitons travailler assez naturellement avec elles sur l'ensemble des problématiques dont la formation. L'idée est d'être sur la complémentarité et ne pas encourager la concurrence".

C'est le cas, par exemple, entre les deux lycées professionnels agricoles de Montmorillon (Poitou-Charentes) et de Magnac-Laval (Limousin), qui a une spécificité (en matière des métiers du conseil et de la vente en animalerie). Dans la filière agricole, certaines sections de BTS ne sont pas complètes au plan des effectifs, et la question est de savoir comment les compléter et attirer des jeunes. “Nous voulons mutualiser les dispositifs pour permettre à une majorité de jeunes de bénéficier d'une formation de qualité", explique Jean-Paul Denanot. _ Raison pour laquelle les deux Régions ont décidé de se coordonner pour harmoniser leurs cartes des formations dans les zones limitrophes, et développer ainsi une “proximité d'excellence", une offre élargie, couvrant au mieux les deux territoires, améliorant les contenus des formations, “tout en rationalisant les dépenses". Ces efforts porteront notamment sur les filières agricole, énergétique et des métiers d'art, fortement présentes dans les deux régions.

Lever les barrières aux “frontières" régionales

“Une synergie est à créer aux frontières de nos régions respectives. Nous avons convenu de répondre aux problèmes de formation dans les métiers d'art, ce qui implique de mettre en œuvre une coordination, un dispositif de mobilité et un échange de bons procédés", annonce Jean-Paul Denanot. Des métiers qui recouvrent des secteurs extrêmement divers représentés par les métiers de la pierre, du métal, du verre, du bois, du textile, du cuir, de la terre, sans oublier ceux de la restauration du patrimoine artistique et bâti.
Dans le cadre du projet de loi de décentralisation, la Région adopterait donc chaque année la carte des formations professionnelles initiales du territoire régional. Une carte comprenant les formations dépendant de l'État (Éducation nationale, Agriculture) et celles de l'apprentissage, de compétence régionale.
“Nous travaillerons toujours en concertation avec l'Éducation nationale, mais ce qui va changer est que les Régions auront le dernier mot !, assure Jean-Paul Denanot. Cela signifie que les priorités seront établies par les Régions en matière de formation."