Titre : | Conditions de travail et identification professionnelle : le cas des apprentis formés en alternance dans le commerce de détail en Suisse (2015) |
Contenu dans : | |
Auteurs : | Isabelle Caprani ; Kerstin Duemmler ; Alexandra Felder |
Type de document : | Article : article de périodique |
Dans : | RELIEF (n°50, décembre 2015) |
Pagination : | pp. 73-84 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
Thesaurus formation 2019 APPRENTI ; APPRENTISSAGE ; COMMERCE DETAIL ; SUISSE ; DISCRIMINATION ; PROFESSIONNALISATION |
Résumé : |
La formation en alternance ou plus communément nommée en Suisse la formation professionnelle duale a pour dessein de permettre aux jeunes apprentis1 une transition « aménagée » (Chaix, 1993) entre le monde scolaire et le monde professionnel. En Suisse, ce type de formation est valorisé et fréquemment choisi par les jeunes issus de la scolarité obligatoire (SEFRI, 2014). Près de deux tiers des jeunes optent pour une formation en alternance privilégiant un apprentissage théorique en école et un apprentissage pratique en entreprise. Ce type de formation est souvent considéré comme un cadre idéal pour l’insertion professionnelle des jeunes (Dubs, 2006 ; Waardenburg, 2011), parce qu’il permet à l’apprenti d’établir un premier contact avec la réalité du monde du travail. Néanmoins, plusieurs études ont nuancé cette image positive en mettant en évidence la persistance des inégalités sociales lors de l’entrée en apprentissage (Imdorf, 2010 ; 2013) ou en mettant l’accent sur les abandons prématurés (Lamamra & Masdonati, 2009). Le système dual est d’ailleurs confronté aux mêmes logiques que le marché du travail dans son ensemble – concurrence pour l’obtention d‘une place d’apprentissage, ségrégation, discriminations, conditions de travail, etc. (Hanhart, 2006) – et est soumis à des évolutions similaires : flexibilisation, demande d’un niveau élevé de connaissances de base, etc. (Lamamra & Duc 2012).
Au cours de leur formation, les jeunes apprentis sont en plus confrontés à d’autres défis. Ces derniers doivent non seulement acquérir un savoir-faire théorique et pratique nécessaire à leur profession, mais également se familiariser avec les exigences du métier en termes de savoir-être, c’est-à-dire les règles, normes, codes et valeurs qui s’expriment dans un habitus propre au milieu professionnel dans lequel ils évoluent. Colley et al. (2003), tout en s’appuyant sur le concept clé de Bourdieu (1979 ; 1980), évoque l’habitus professionnel pour étudier le rapport que l’apprenti développe avec son champ professionnel. Se familiariser avec le milieu professionnel implique non seulement une socialisation voire une transformation des apprentis en professionnels (Cohen-Scali, 2000 ; 2001), mais également une identification au métier, comme il a été entre autres développé par Dubar (1998 ; 2000 ; 2001 ; 2007) ou Bourgeois (1996). Comme le relève Chaix (1996, p. 114), l’alternance constitue une « organisation pédagogique qui ouvre une palette de figures d’identification dans le champ professionnel ». Cette étape constitue un moment clé dans le processus de professionnalisation, puisqu’il permet également à l’apprenti de se projeter dans un métier. |
En ligne : | http://www.cereq.fr/publications/Relief/Alternance-et-professionnalisation-des-atouts-pour-les-parcours-des-jeunes-et-les-carrieres |